Histoire de la musique arabo-andalouse

Présentation et histoire de cet art

« La musique arabo-andalouse est l’héritière de la musique chrétienne pratiquée en Espagne et au Portugal avant la Reconquista, de la musique afro berbère du Maghreb et de la tradition arabe transmise au IXème siècle de Bagdad (alors capitale des Abbassides) à Cordoue et Grenade grâce notamment à Abou El Hassan Ali Ben Nafiq ou Ziryab, musicien brillant qui en créa à l’époque les bases, en composant des milliers de chants et en instituant le cycle des nouba, composées de formes poétiques tels le muwashshah ou le zadjal (qui furent l'une des sources des Cantigas de Santa Maria du roi Alphonse X de Castille, du flamenco et des troubadours) ».

La musique andalouse est un des éléments les plus modernes grâce aux mélodies héritées de père en fils. Son importance est due aussi bien aux expressions auxquelles s'attachent les fils et petits-fils qu'aux instruments antiques toujours préservés actuellement par les musiciens. Ces derniers conservent également la manière dont les aïeux les ont utilisés traditionnellement depuis des siècles.

La musique andalouse ne concerne pas uniquement l'aspect musical mais elle touche également à plusieurs aspects de la civilisation marocaine. De plus, divers aspects du nationalisme sont traités par le biais de la diversité des compositions et des mélodies harmonieuses.

En deuxième lieu, la musique andalouse figurant dans le patrimoine littéraire contient beaucoup de poèmes perfectionnés, de paroles éloquentes et de proses extraordinaires ainsi que des poèmes à rimes variées. Elle marie souplesse, élégance, structure, sens majestueux, profondeur de la réflexion et bonne expression.

Par conséquent, les générations ont joui de la musique andalouse et en jouiront en éprouvant la même émotion forte que d'autres avant nous ont éprouvée grâce aux compositions, mélodies, proses et paroles.

S'agissant du troisième aspect que revêt la musique andalouse, nous citerons sa séduction. En effet elle recourt aux instruments antiques avec lesquels jouent les amateurs et les professionnels de cet art. Par ailleurs, il existe une manière de jouer avec les instruments anciens à cordes tel que le rabab dont l'utilisation remonte au Moyen Age et à la manière avec laquelle cette musique était jouée. D'autant plus que cette dernière se caractérise par une performance collective, imposant l'art de jouer, de chanter, de maîtriser le chant et l'art de se produire sur scène en général. Cela signifie que les membres du groupe musical, en jouant, utilisent la majorité -sinon tous- les instruments musicaux.

De manière plus explicite, ils commencent à chanter tous ensemble en cœur au rythme de cette musique sans cesser de jouer contrairement aux troupes musicales modernes, qui arrêtent le chant lors de la performance musicale. Ainsi le chant est assigné à une seule personne ou à un groupe vocal qu'on nomme chorale.

On risquerait de ne pas rendre les lettres de noblesse à cette méthode traditionnelle si on n'illustrait pas la manière dont les troupes de musique andalouse « Al Ala » se produisaient auparavant. On leur consacrait un coin au sein de la demeure ou encore dans la cour en y déroulant des tapis, en disposant des meubles et des canapés où les membres de la troupe s'installaient pour débuter leur performance artistique, qu'il s'agisse de musique ou de chant. Cette manière leur permettait de se produire en toute sérénité et confort sans pour autant imposer au maître de cérémonie un endroit luxueux ou encore une scène spéciale dotée de chaises imposantes comme c'est le cas aujourd’hui concernant les troupes de musique contemporaine qu’on appelle orchestres modernes. Cet état de fait réveille en nous une volonté et un désir profond de préserver et de sauvegarder cet art, en l’occurrence la musique andalouse abondamment présente au Maroc.

Cet art est demeuré stable et ancré dans l’histoire marocaine, illustrant ses gloires en toute fierté et perpétuant ainsi la civilisation nationale. Par ailleurs ce patrimoine met en exergue une authenticité aussi bien culturelle, intellectuelle, religieuse, artistique et spirituelle. Ce rayonnement a marqué les siècles passés et se poursuivra présentement et à l’avenir.

Notre fierté absolue à l’égard à ce patrimoine authentique fut à l’origine d’efforts colossaux déployés par certains écrivains, tenant à leur authenticité nationale et à leur marocanité, et ceci dans le but de préserver ce patrimoine et de lui redonner la place qui lui revient au sein de la civilisation marocaine. En effet, ces écrivains ont contribué à faire connaître ce patrimoine à l’ensemble des citoyens en général, aux jeunes en particulier et aux intellectuels notamment ainsi qu’à construire des conservatoires, se consacrant à enseigner ses bases à la génération marocaine, avec l’écriture de plusieurs livres qui y font référence, l’édition d’anciens ouvrages et l’imprimerie des manuscrits englobant la prose et les poèmes de diverses natures, à savoir des poèmes à rimes variées et autres lyriques sans oublier pour autant les poèmes dialectaux.

Tous ces éléments ont été découverts dans des bibliothèques publiques et privées. On a remis au goût du jour ceux ayant été imprimés par le passé. On citera, à titre d’exemple, le travail entrepris par l’artiste Hadj Benjelloun Touimi, Président de l’Association des Amateurs de la Musique Andalouse au Royaume du Maroc et le professeur et artiste, Monsieur Abdellatif Ben Mansour. Ces deux figures ont imprimé un ensemble de poèmes notamment « El Hayek" sous des versions récentes et élégantes et des formes attrayantes. Certains artistes, épris de cet art authentique, ont cherché même à faire émerger certaines Nouba indépendantes ou collectives suivant la transcription musicale connue sous l’appellation de la « note ». Le travail des professeurs Tazi Labzour et Chami en est une parfaite illustration. Leurs travaux significatifs et attractifs, motivés par le nationalisme et l’intérêt porté à cet art et à sa sauvegarde intégrale ou partielle, méritent d’être récompensés à part entière.

L’œuvre du Professeur Hadj Abdelkrim Raiss a couronné tous les efforts accomplis. En effet et pour la première fois, le Chef d’un groupe musical, réputé et célèbre dans le domaine, a assumé cette mission colossale c’est-à-dire la sauvegarde de la musique andalouse et la noble responsabilité qui s’y réfère, en se basant sur son savoir et sa sagesse. Larbi Temsamani, à son tour, a contribué à cet art en perpétuelle évolution en y apportant une technique et un savoir-faire authentique.